6 nov. 2011

Strasbourg: l'autre Mondial de la Bière


Mine de rien, le Mondial de la Bière en était déjà à sa troisième apparition en France. Si l’édition de Montréal, toujours en croissance, attire maintenant près de 100 000 spectateurs en cinq jours, elle compte sur une ville où elle est implantée depuis près de 20 ans, une agglomération quatre fois importante que celle de Strasbourg, comptant plus d’une dizaine de broue-pubs dynamiques et d’une équipe établie localement à l’année. Le défi de percer le marché alsacien était comparativement considérable.

Malgré une certaine vivacité brassicole au pays des Bordeaux, Champagne et autres Bourgogne, celle-ci semble demeurer principalement régionale. Les amateurs qui portent attention à ce qui se passe à l’étranger peuvent facilement obtenir une foule d’information sur les brasseries et événements se déroulant aux États-Unis, en Italie, au Royaume-Uni ou encore au Danemark. En France, outre quelques exceptions, les brasseries exportent peu et ne semblent pas avoir l’ambition de communiquer avec la communauté brassicole internationale.



En ce sens, la discrétion relative des brasseries françaises les rend attirantes pour le Coureur des Boires en visite. En voyage, on veut bien admirer la Tour Eiffel, mais il n’y a rien de mieux que d’avoir la sensation de défricher le terrain méconnu. Or, en plus d’une grande quantité de produits que nous avons majoritairement déjà croisé à l’édition de Montréal, le Mondial strasbourgeois permettait justement d’explorer le portfolio de plusieurs brasseries françaises dont nous n’avions jamais entendu parler et d’autres que nous avions hâte de découvrir depuis plusieurs années comme Le Brewery, brasserie normande respectée pour ses recettes inspirée de l’Angleterre natale de ses fondateurs. La Norman Gold, servie en cask s’il vous plaît, était particulièrement réussie avec ses saillants houblons citriques.



Un kiosque particulièrement intéressant était celui du Front hexagonal de libération de la bière artisanale regroupant quelques artisans français particulièrement audacieux : Fleurac, des Garrigues, Le Paradis, Pleine Lune, La Franche. Les bières françaises traînent la réputation d’être chiches en houblon et les brasseries associées de ce Front lancent un véritable coup de fronde à cette étiquette parfois justifiée. Entre les blondes de soif très amères – La Franche de la brasserie homonyme était assurément un coup de coeur du genre - les IPA et les bières fortes foncées, nous nous serions cru dans une excellente microbrasseries américaine.

Évidemment, c’était aussi l’occasion de revisiter plusieurs classiques du Nord dont la tradition des bières de Garde est presque jumelle à la vision belge du brassage où les normes stylistiques sont délaissées et les levures, exploitées au maximum. Les Annoeuillin et autres Saint-Germain valent toujours le détour. En tout, une quarantaine de brasseries françaises étaient représentées sur les lieux, ce Mondial représentant une fenêtre unique sur la scène française souvent négligée par rapport à des voisins plus visibles. Pour cette raison, si ce festival persiste et affiche une croissance similaire à celui de Montréal, il représentera de plus en plus le tremplin logique pour explorer ce monde méconnu. Et contrairement au festival de Montréal, si vous n’avez pas le temps d’essayer tout ce qui vous intéressait, vous pouvez encore acheter la majorité des produits à la boutique du festival avant de sortir : imagineriez-vous pareille situation à Montréal!



1 commentaire:

Laurent Mousson a dit…

"Front hexagonal de libération de la bière artisanale regroupant quelques artisans français particulièrement audacieux : Fleurac, des Garrigues, Le Paradis, Pleine Lune, La Franche."

L'intitulé exact est "Front Hexagonal de Libièration" ou "FHL" (si ! on est capab' nous aussi de faire des jeux de mots niaiseux !) et il manque deux brasseries : l'Agrivoise, et Matten (qui, étant locaux, avaient leur propre stand à côté, mais une bière sur le stand FHL).
Cf. www.libieration.org

Santé !