22 sept. 2011

Souvenirs de Zwanze Day

Photos: Alain Quévillon


Samedi dernier, le 17 septembre vers 14h30, j’attendais patiemment l’ouverture du Dieu du Ciel ! (« DDC ») sur le trottoir de l’avenue Laurier. Subitement, un individu qui n’écoute sûrement pas les nouvelles à la télé m’apostrophe :
« Qu’est-ce que vous faites là à attendre sur le trottoir? Qu’est-ce qui se passe ?»

Je vous le jure, il me lance ça comme si, événement peu probable s’il en est un, il ignorait que c’était jour de fête, le toujours très impressionnant anniversaire de DDC. Je n’ai pas pris la peine de lui annoncer que l’homme avait marché sur la lune ou encore que les infrastructures montréalaises ne tenaient qu’à un fil. Après tout, il paraît que les ignorants sont bénis.

Toujours est-il que la centaines de patientes sardines dont les dernières en file ont dû attendre plus d’une heure pour mettre la main sur un premier verre ont été récompensées par une sélection de bières plus délirante que jamais.

La plus populaire première offrande était probablement la Zwanze, rarissime lambic de Cantillon commercialisé sous une recette différente une fois l’an. La version 2011 s’appuie sur le Pinot d’Aunis, un obscur cépage dont presque personne n’a entendu parler et qui conférait à la bière des notes aigrelettes de griotte et de canneberge et un houblonnage à froid de Bramling Cross, un tout aussi obscur cultivar dont presque personne n’a entendu parlé en dehors de l’Angleterre. Ironiquement, certains Anglais lui reproche son caractère américain. À la base toutefois, le magnifique assemblage de Cantillon dégageait de rafraîchissants effluves citronnés agrémentées des notes lactiques, de cuir et chevaline de ses levures sauvages et flore bactérienne idiosyncrasiques. Le résultat était un lambic plutôt poli pour la maison, d’une belle élégance grâce à ses tannins souples et à son acidité équilibrée. Captivant et accessible.





La Hill Farmstead Abner était l’autre invitée d’honneur. Cette Imperial IPA dont nous avons déjà discuté sur ce blogue explose d’arômes houblonnés et résineux d’une fraîcheur inouïe. Il faut la sentir pour y croire. C’est d’une verdure telle qu’on cherche les cocottes de houblon dans notre verre.

Du côté des bières-maison, Dieu du Ciel ! offrait encore un éventail de bières vieillies en bouteille en plus des deux douzaines d’offrandes en fût. L’introuvable Péché Mortel vieillie en fût de bourbon américain était du lot non seulement en fût, mais aussi en cask. Du jamais vu ! Il nous a semblé qu’elle était plus portée vers l’alcool et le café qu’à ses dernières apparitions, modifiant quelque peu son appartenance au monde des bières-dessert, mais le bourbon restait intégré avec retenue.

L’étonnante Équinoxe d’Automne 2010 avait bien vieilli, affichant bien peu de traces d’oxydation et donnant toujours aussi faim grâce à ses puissants arômes fumés.

Face à un tel menu, il est toujours difficile de faire un mauvais choix. Règle générale, une bonne attitude à avoir est de cibler une ou deux bière(s) que nous tenons à essayer absolument et de chérir ces moments, mais de se laisser porter par les gens par la suite. En effet, il est impossible de faire le tour du menu de telles soirées. En revanche, puisqu’elles attirent quantité d’amateurs passionnés, elles représentent toujours une belle opportunité pour renouer avec de vieilles connaissances. Et c’est aussi et peut-être même surtout ça qui fait le charme de la bière artisanale. Une belle concentration de produits de qualité attire une belle concentration de gens de qualité. Au-delà de la bière pour laquelle sa réputation n’est plus à faire, l’anniversaire de Dieu du Ciel! continuera vraisemblablement à être le théâtre de belles découvertes humaines pour plusieurs années à en juger par la foule grandissante

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